Le gender au CAPES de géographie 2014

Témoignage d’une candidate au CAPES de géographie

Comme chaque année, des milliers d’étudiants ont tenté de décrocher le sésame pour accéder aux fonctions d’enseignement, le fameux CAPES. Etant moi-même candidate au concours, je tenais à dénoncer un recrutement écœurant qui ne laisse que peu de place à notre idéal d’enseignant. Description d’un concours plus que contestable :

Le jury du CAPES détermine à l’avance un programme de révisions sur trois « questions » d’histoire, et trois « questions » de géographie (les sociétés coloniales des années 1850 aux années 1950, La France en villes…), auxquelles s’ajoute un module « Agir en fonctionnaire de l’état de façon éthique et responsable ».

En effet, le référentiel des Dix Compétences du Professeur étudié dans le cadre de ce module hiérarchise les compétences exigibles du futur professeur certifié :

1.      Agir en fonctionnaire de l’Etat et de façon éthique et responsable

2.      Maîtriser la langue française pour enseigner et communiquer

3.      Maîtriser les disciplines et avoir une bonne culture générale

4.       Concevoir et mettre en œuvre son enseignement

5.       Organiser le travail de la classe

6.       Prendre en compte la diversité des élèves

7.       Evaluer les élèves

8.       Maîtriser les technologies de l’information et de la communication

9.       Travailler en équipe et coopérer avec les parents et les partenaires de l’école

10.   Se former et innover

Il est déjà curieux de voir qu’au vu de cette hiérarchie, il est plus important pour l’état de disposer de bons petits fonctionnaires obéissants que d’enseignants maîtrisant la langue française. Mais le scandale va plus loin.

Lors des oraux d’admission au CAPES, les candidats présentent deux épreuves : la première dite de « leçon » (trente minutes d’exposé sur un sujet tiré au sort suivies de trente minutes d’entretien) et la seconde dite « épreuve sur dossier ».

Cette épreuve sur dossier se déroule en deux temps :

–          Vingt minutes de réflexion et analyse sur un sujet en histoire ou en géographie (selon la matière non présentée à la leçon), à partir de trois documents (suivies de vingt minutes d’entretien)

–          Dix minutes de réflexion et analyse sur un quatrième document se référant à cette fameuse compétente « agir en fonctionnaire de l’état de façon éthique et responsable ».

Cette année, le jury a poussé l’idéologie ambiante à son paroxysme. Le sujet posé à de nombreux candidats le lundi 16 juin posait ainsi deux questions à l’épreuve sur dossier en géographie :

–          L’étude des discriminations, notamment de sexe et de genre, est-elle pertinente pour aborder les conflits en géographie ?

Documents fournis:
– Préface par Guy Di Méo de l’ouvrage Genre et construction de la géographie, écrit par Yves Raibaud et Marius Kamala, édition Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine, 2013
A noter que Guy Di Méo, spécialiste de la géographie sociale, s’est récemment tourné vers la géographie du genre, son approche peut donc être considérée comme partisane.
– Article de Laetitia Bucaille, « Les femmes à la guerre », Critique Internationale 60, septembre-décembre 2013, Presses de Science Po
– Extrait du manuel d’histoire-géographie de 5e, exercices portant sur l’inégal accès à l’éducation (entre hommes et femmes) au Maroc, p270, Magnard 2010

–          En quoi les luttes contre les stéréotypes filles-garçons participent-elles à régler les situations conflictuelles ?

Document fourni: Extrait du rapport (passages sélectionnés indiqués en gras) sur les stéréotypes filles-garçons, remis le 15 janvier 2014 à Najat Vallaud-Belkacem, Ministre des Droits des Femmes et porte-parole du gouvernement (rapport intégral)

Outre l’absence de lien direct avec les compétences en géographie des futurs enseignants, les documents à l’appui étaient d’une rare objectivité.

C’est donc officiel. Le changement de civilisation promis par Mme Taubira et le changement des mentalités voulu par M. Peillon passent par l’école. Ecole dans laquelle les professeurs ne seront cette année sélectionnés qu’en fonction non pas de leurs compétences disciplinaires et pédagogiques, mais bien en fonction de leur adhésion à une idéologie d’Etat.