Remise du rapport « Lutter contre les stéréotypes filles-garçons » à Najat Vallaud-Belkacem

Ce rapport repose sur le parti-pris que les différences garçons-filles sont des inégalités

Comme le dit Jean Pisani-Ferry lui-même au sujet du rapport, « l’éthique de la conviction  y est fortement présente ». Effectivement ce rapport n’est pas neutre : il est fondé sur le parti-pris que les stéréotypes sont porteurs d’inégalités. Et les auteurs rassemblent ce qu’ils appellent un « faisceau d’indices » pour le démontrer.

Ils observent par exemple que les garçons font plus de sport et que les filles font plus d’activités culturelles. Voilà pour eux un indice d’inégalité. Autre exemple : ils regrettent que les métiers de la petite enfance soient quasi-exclusivement féminins. Pour eux, c’est une inégalité.

Ils constatent que seuls 17 % des métiers sont mixtes, mais ils ne se posent pas la question de savoir si cela ne serait pas lié à une légitime différence homme-femme.

Il y a, dès le départ, une volonté de présenter la différence homme-femme comme une inégalité. Ce serait donc une chose à déconstruire, des stéréotypes à éradiquer. Les travaux de  la sociologue controversée Judith Butler (dès 1970) sont bien à l’origine de cette idéologie (allant même jusqu’à considérer la grossesse comme une injustice faite aux femmes).

Il y a donc une confusion des notions quand on appelle inégalité toute différence constatée. Or, toute différence n’est pas porteuse d’inégalité. Mais dans l’esprit des idéologues du genre, il faut gommer les différences pour gommer les inégalités. Cet esprit très Gender est celui du rapport.

Pour gommer les différences, il faudrait changer les représentations des enfants

Tout cela relève d’une idéologie : celle de l’indifférenciation homme-femme. La marche pour l’égalité, ce serait de gommer les différences, qu’on nomme stéréotypes à déconstruire.

Derrière cela, il y a les concepts Gender. Derrière cela, il y a cette idée que ce serait une anomalie qu’un petit garçon soit éduqué, grandisse et se comporte comme un petit garçon et une petit fille comme une petite fille.

Pour gommer cela, ils veulent agir sur ce qu’ils appellent « les représentations des enfants ».

Il s’agirait ni plus ni moins que de formater les mentalités et les comportements dès le plus jeune âge au nom d’une doctrine qui pourrait devenir doctrine d’Etat. Cela fait penser au Meilleur des mondes d’Huxley ou à 1984 d’Orwell !

Où est la liberté d’éducation des parents ?

Ceci pose le problème de la liberté d’éducation : nous allons vers des programmes d’Etat, comme cela se fait dans d’autres pays, sur un sujet qui touche la liberté de pensée de chacun et la liberté d’éducation des parents. Les parents sont les premiers éducateurs de leurs enfants et la première mission de l’école est d’instruire, pas d’éduquer au sens premier du terme.

Que font les parents s’ils ne sont pas d’accord avec l’opinion du gouvernement ? Les parents devraient accepter que l’opinion du gouvernement soit la référence éducative à l’école ? Si les parents d’élèves se laissent faire, notre société ira vers un contrôle socio-éducatif des comportements et des mentalités de leurs enfants, dès la maternelle. Cela, des parents ne peuvent l’accepter.

Le gouvernement avance donc sur une voie dangereuse, sans concertation avec les parents, sans les solliciter. Jean Pisani-Ferry parle de la « neutralité effective des institutions publiques ». Précisément, dans cette affaire, l’école ne sera plus neutre.

François Hollande et Vincent Peillon ont dit qu’il ne fallait pas importer nos débats d’adultes à l’école. Or, c’est ce que fait ce gouvernement. Il va plonger nos enfants au cœur de débats d’adultes.

Le Gender est en filigrane du rapport

Pourquoi cette approche si volontariste du gouvernement ? Parce que le Gender est en filigrane dans toute cette affaire. Quand la proposition 23  parle de « Programmer des études sur l’enfance et l’adolescence en y incluant la problématique du genre », on veut faire entrer les concepts Gender dans tout ce processus. Quand ils parlent, dans la proposition 29, de « sensibiliser les professionnels de santé sur les liens entre le genre et la santé », c’est encore les concepts Gender qui sont en filigrane.

L’un des principaux concepts Gender, c’est  que les différences de comportements entre garçons et filles sont un mal. Or, presque tous les parents trouvent normal que leur petit garçon grandisse comme petit garçon et se sente petit garçon ; et que leur petite fille grandisse comme petite fille et se sente petite fille.

Demain, dans nos écoles, on va chasser les stéréotypes, cela veut dire qu’on va chasser les comportements typiquement masculins et féminins pour en faire des enfants du genre neutre. Tout cela au motif qu’un comportement masculin ou féminin serait une construction sociale. On nie l’influence du corps sexué sur nos comportements, nos centres d’intérêt etc.

Et ce sont nos enfants qui supporteront ces faux problèmes d’adultes dont ils n’ont pas besoin pour grandir et s’épanouir.

Le discours du gouvernement est de dire que les stéréotypes entravent la liberté. Le gouvernement s’imagine que si les petits garçons et petites filles ne se comportent pas de manière indifférenciée, c’est parce qu’ils ne sont pas libres. Donc, on va les forcer à être libres. C’est une idéologie d’Etat qui se prépare. Quelle liberté prépare-t-on pour nos enfants ? Et attention aux troubles psychologiques que subissent les enfants sans repère, qui doivent se construire tout seul.

C’est dommage que le gouvernement s’accroche à toutes ces idéologies car il y a certainement beaucoup à faire pour promouvoir encore davantage l’égalité professionnelle homme-femme. Il y a par exemple une vraie question : comment favoriser les conditions qui permettent à  une femme d’allier maternité et carrière professionnelle ? La réponse essentielle se situe d’abord au niveau des entreprises. Ou encore, comment aider les garçons, qui ont davantage de difficultés à l’Ecole que les filles ?

C’est une utopie de laisser croire que le problème se situerait dans des stéréotypes qui se construiraient dans l’enfance et qu’il faudrait donc déconstruire dès la maternelle. Si le gouvernement veut avancer sérieusement sur l’égalité professionnelle homme-femme, qu’il s’en occupe vraiment, mais il n’est pas nécessaire, pour cela, de brouiller les repères élémentaires des enfants sur ce qu’est un garçon et ce qu’est une fille. Les terrains d’expérimentation et les besoins d’avancées dans les entreprises ne manquent pas.

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