Un roman avec un viol par sodomie étudié en 1ère

Le roman Corniche Kennedy de Maylis de Kerangal est donné à étudier cette année dans une classe de 1ère de la Région Rhône-Alpes. Outre un vocabulaire vulgaire, ce roman contemporain est maculé de plusieurs passages décrivant des scènes sexuelles, souvent empruntes de dominations et violences à l’égard de jeunes filles. Des parents d’élèves concernés sont allés voir le professeur, en vain.

p.92 : « …on les avait traînées devant la fille, pour qu’elle voit ça, leur petite copine nue sodomisée sur le sol, la tête tirée en arrière par les cheveux, comme on tire sur une bride et le cou en arc inversé, si tendu que plus un son, plus un souffle, ne passait par la trachée artère, voilà, qu’elles se fourrent profond dans le crâne qu’on ne déserte pas le réseau, encore moins sans avoir payé et remboursé la dette – on les fait bouffer, on leur paie des gros seins, on les sape et ça veut se casser, salopes ; voilà la guerre ».

Ce roman figure comme livre conseillé pour la 3ème sur le site Eduscol, site officiel de ressources pour les professeurs.

Des élèves de 3ème de l’académie de Lyon l’ont en effet lu : ici.
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Il est conseillé ici comme lecture pour l’été, pour bien rentrer en seconde…
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Le Cercle Gallimard de l’Enseignement le recommande aux professeurs pour le lycée : ici

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Voici des extraits (édition Folio) :
p.16 : « ça pue, types louches qui se branlent… »

p.17 : « fausses salopes, faux baiseurs sans scrupules… »

p.26 : « … ont trouvé ça pour se rouler des pelles tranquilles ou se murmurer des trucs au creux d’une oreille, l’autre emplie de l’écouteur d’une paire qu’ils auront partagée afin de se trouver dans la même musique quand viendra le moment de se toucher -, les voilà qui s’allongent sitôt tracée là-bas, et s’amenuisant, la troupe des six garçons. Tranquilles, ils sont tranquilles à présent : la fille vient sur le dos, le garçon se penche sur elle, la chaînette dorée se décolle de son cou, tournoie pendule au-dessus des seins, le garçon se penche, se penche encore, choc de nez, effleurement d’arcades sourcilières, se penche, puis vite lèvres contre lèvres, ouvertures de bouches, tournoiement de langues vingt minutes au moins (…) Et pendant que les filles se baignent, pendant que les pendentifs s’affolent au-dessus des seins et que les salives s’échangent au fond des cavités palatines… »

 p.38 : « il demande on va la sauter, tu dis, on va tous la sauter ? (…) On entend une des filles chambrer le petit à voix haute, t’es déçu hein, toi, oh il est déçu, il voulait se la faire, oh, il était prêt à la sauter, lui, pas vrai ? (…) alors le petit soudain se retourne, le visage tordu par la colère, t’arr…, t’arrêtes putain ! il bute sur les mots, enfin articule d’une traite, tu me lâches, j’ai pas envie de te sauter, t’es pas mon genre, t’es trop moche, t’as compris ? »

p.39-40 : « Le petit en slip noir ouvre la marche, clope calée dans sa bouche de treize ans – bouche de gosse usée déjà, aphteuse et corrompue, gâtée par le shit, la colle, les tabacs les plus sales, noircies par les sodas discount et tous les sucres dégueulés au fond des caddies le premier jour du mois, bouche oubliée des services sociaux de la ville, passée au travers des scrutations blouses blanches et bouts de doigts glacés, aucune hygiène ce gosse, c’est la cata, que font les parents, pas vu un gramme de fluor, connaît pas la brosse à dents (…) jamais vu de sirop contre la toux mais du sperme peut-être, voilà, sinon aucun baiser encore hormis ceux d’une voisine plus jeune et maintenue doigts écartés en pince sur la nuque, c’est juste pour voir lui murmure-t-il, pour goûter comment ça fait quand une langue tendre et fraîche traîne à l’intérieur, caressante, juste pour le plaisir, pour se décoller un peu de toute cette misère, de tout ce merdier, un décollement de racines, voilà, un baiser c’est un décollement de racines, et il se fait attendre, alors à peine ouverte elle en dit long, cette bouche, et sa langue trop bien pendue… »

p.84-85 : « C’est pourquoi personne ne vit Mario et Suzanne debout face à face et contenus dans la poursuite lumineuse d’un lampadaire halogène de la corniche Kennedy, bouches ouvertes collées – la fille inclinée donc, puisque bien plus grande -, paupières closes et cils frémissants, mains de l’un posées à plat sur hanches de l’une, mains de l’une croisées dans le dos de l’un, pieds alternés au sol – une basket dressée sur les orteils, une sandale, une basket dressée sur les orteils, une sandale -, personne ne vit les ombres mouvantes sur leurs joues, creusées ou gonflées de l’intérieur par la ronde des langues enlacées, muqueuses excitées à mort par un désir aussi rudimentaire que la faim ou la soif : s’embrasser ; personne ne distingua l’excès de bave sur le pourtour des bouches, aux commissures, bave dont les filaments bulleux scintillaient dans la lumière comme des cascades microscopiques; personne ne perçut la vibration des mentons, le tremblement des cils, personne ne vit rien, pas même la silhouette d’Eddy le Bege postée en bord de Plate, lequel leur tournait le dos, dévorait la mer obscure, bandait lui aussi, ravalait sa salive (…) personne n’entendit le même crier ho hé, quinze minutes, c’est bon!, ni les respirations essoufflées des deux qui venaient de se disjoindre brusquement et se passaient maintenant le dos de la main sur la bouche avant de se sourire bravement… »

p.90-91 : «  les hommes la réclament, ceux qui tournent lentement dans la cité au volant de BMW maquillées achetées cash sur des parkings en Pologne, portent costumes sombres et revolvers plaqués sur le rein, des revolvers dont ils usent de la crosse pour se masser le sexe par-dessus le pantalon devant des vidéos pornos projetées dans des appartements aux rideaux continuellement tirés, ceux qui lui caressent la joue baby baby, et lui préparent des rails de poudre sur l’émail du lavabo, au fond d’une suite d’hôtel quelconque, ceux qui lui promettent un avenir au soleil, ailleurs, à l’ouest, au chaud, là où l’argent ruisselle et les fringues foisonnent, pourvu qu’elle soit gentille, pourvu qu’elle se laisse faire, qu’elle les suce gentiment et baisse sa culotte, pourvu qu’elle leur présente ce cul qu’elle a doux et blanc, ce cul extralucide. (…) elle s’était fait piéger là, au fond d’un virage de la quatre voies, minijupe en jean effilochée sur boots vernis noir, racoleuse, épargnant en douce de quoi fuir et comptant trois fois ses billets après chaque passe, pute clandestine exhibée… »

p.98 : « Sur le parking, ils s’embrassent enfin : leurs têtes se cognent par accident alors qu’ils ouvrent le coffre, bing, ils portent la main à leur tête, grimaçant, riant à la fois, puis se frottent l’un l’autre le coin du front, fais voir, ça va, t’as rien, alors évidemment leurs figures s’approchent si près que le mouvement s’achève sur un baiser, un baiser vite fait bien fait, et d`une tendresse inouïe entre deux bouches souveraines qui ont toute la vie devant elles, c’est Tania qui y va la première et entrouvre ses lèvres sur celles d’Opéra qui n’en revient pas, leurs mains accompagnent leurs bouches et modèlent leur visage un court moment, elles sentent le savon des collectivités, leurs pieds se touchent, puis ils s’écartent… »

p.132-133 : « Furax, ils appellent les Zodiac qui patrouillent au large, s’énervent dans leurs talkies-walkies maousses, ouvrez l’œil, bordel de merde (…) putain (…) putain ouais ça fait trop peur (…) faudrait pas me prendre pour un con (…) tu chies dans la colle (…) mon crawl spécial à la Laure Manaudou qui déchire sa race (…) tous les enculés à la flotte ! (…) ce putain de concert de sauts qui venait juste de crucifier les keufs rouge tomate… »

p.146-147 : « Mario progresse vers le ponton en poussant le paquet devant lui, bientôt entend des voix et l’écho d’un léger clapot, lève la tête et aperçoit, côte à côte et couchés sur le ventre, à même les planches de bois, le profil des corps d’Eddy et Suzanne qui ondulent – talons, mollets, cuisses, fesses, dos, épaules, nuques, têtes -, découpes précises sur le halo du clair de lune. Mario retient sa respiration. Escorté du paquet, il (…) tend l’oreille pour entendre ce que se disent ces deux-là qui l’ont laissé tomber alors qu’il avait mal et que la nuit hostile le paralysait. (…) Il entend la voix de Suzanne qui déclare j’ai froid et celle d’Eddy lui répondre : on attend le petit – le petit, c’est moi ? Mario se le demande -, ce ne sera pas long ; il ajoute un ton plus bas, je ne vois qu’un moyen pour te réchauffer, ah, et c’est quoi ? elle demande, entrée dans la danse, cœur battant, c’est que je te fasse une couverture – jamais Mario n’a entendu une telle douceur dans la voix d’Eddy, il voudrait arrêter la romance, se retient de crier, il est hors jeu, il a mal -, d’acc, mais avec quoi, une couverture ?  balbutie la fille qui grelotte. Depuis quelques minutes, ça bouge doucement sur le plancher de bois gluant, ça râpe et ça souffle, si bien que, n’y tenant plus, Mario  décide soudain que c’est le bon moment pour les surprendre, pour les faire chier; il repasse sous le  radeau, ressort au pied de l’échelle, et, toujours  précédé de son paquet, monte un barreau, puis  deux, et maintenant découvre ce qu’il ne pouvait imaginer planqué sous le radeau : Eddy, couché  de tout son long sur Suzanne, son ventre à lui  allongé sur son dos à elle, comme empilés, bras  et jambes superposés, ils ont détaché leurs fumigènes et récupèrent, visages collés, joue contre  joue et yeux ouverts, il la recouvre entièrement  et lui demande doucement, là, ça va ? (…) »

p.152 : « Suzanne… espère qu’Eddy va la toucher, qu’il passera une paume tiède sous son tee-shirt usé et l’avancera sur ses seins qui se tiennent prêts le téton au garde-à-vous et l’aréole souple, ou qu’il la remontera le long de sa cuisse, la fera ramper sous l’élastique de son maillot pour qu’elle approche son sexe et le prenne dans sa main, Suzanne y pense, se dit qu’il va basculer sur elle, écartera ses cuisses l’une après l’autre, le torse soutenu au-dessus du sien par les avant-bras, le menton à même son front qui transpire, il va la pénétrer , ils vont coucher ensemble,… Il a les yeux clos mais sait qu’elle le regarde, espère lui aussi qu’elle va le toucher, le sexe aussi, la main faufilée dans le maillot et la caresse qui moissonne,… ».